Mode d’emploi : L'Habilitation à diriger des recherches (HDR)

finance et enjeux environnementaux

L'Habilitation à diriger des recherches (HDR) est un diplôme national de l'enseignement supérieur qu'il est possible d'obtenir après un doctorat. Il permet de postuler à un poste de professeur des universités1, de diriger des thèses ou d’être choisi comme rapporteur de thèse.

Le candidat doit être encadré par un garant titulaire de l’HDR et devra déposer son dossier dans l’Université où ce dernier exerce. Le dossier est ensuite transmis par le collège doctoral à l’école doctorale concernée.

L’école doctorale désigne ensuite deux rapporteurs n’ayant aucun lien direct avec le candidat qui vont évaluer le dossier. Les propositions sont ensuite examinées par les membres de la commission recherche en formation restreinte qui donnent l’autorisation d’inscription ou non. Une fois l’autorisation obtenue, le garant fait la proposition de jury et de date de soutenance au minimum deux mois avant la date présumée de soutenance.

Le jury nommé par le président est composé d’au moins cinq membres choisis parmi les personnels enseignants HDR des établissements d’enseignement supérieur public, les directeurs de recherche des établissements publics à caractère scientifique et technologique et pour au moins de la moitié de personnalités françaises ou étrangères extérieures à l’établissement et reconnues en raison de leur compétence scientifique. La moitié du jury au moins doit être composée de professeurs ou assimilés. Parmi les membres habilités à diriger des recherches, trois seront rapporteurs.

La soutenance est organisée dans un délai de dix-huit mois à compter de la date de la commission recherche en formation restreinte ayant donné l’autorisation d'inscription. Retrouvez la procédure détaillée sur le site de l’Université de Strasbourg.

1Pour postuler à un poste de professeurs des universités, les enseignants-chercheurs qui ne sont pas maitre de conférences doivent avoir obtenu la qualification PU du CNU.

 

Christophe Godlewski, directeur adjoint de l’Ecole Doctorale Augustin Cournot et Professeur des Universités au sein du LaRGE, donne quelques conseils relatifs aux critères d’évaluation de l’Université de Strasbourg pour obtenir l’autorisation d’inscription :

  • Maturité scientifique du candidat (production, rayonnement, …) : Il est important d’avoir un rythme de production scientifique soutenue et régulière avec plusieurs publications classées (au moins 5 publications HCERES) dont au moins une de rang A, ainsi que des publications récentes (au moins une dans les 3 dernières années).
  • Aptitude à maîtriser une stratégie de recherche dans un domaine scientifique ou technologique suffisamment large (expérience de gestion de projets, …) : La gestion de projets scientifiques (au moins au titre de co-porteur) doit être mise en valeur.
  • Degré d’autonomie (obtention de financements à titre propre, en fonction des disciplines, place de signature des publications, …) : Pouvoir démontrer sa capacité à obtenir des financements de projets de recherche suite à des appels d'offre (au moins au titre de co-porteur) est fortement apprécié.
  • Capacité à diriger des travaux (expérience dans l’encadrement d'un projet de recherche, nombre et types de personnes encadrées, durée des encadrements, …) : Il est utile de souligner toutes les expériences d’encadrement, notamment celles relatives à des mémoires de recherche.

 

Voici un retour d’expérience de Laurent Weill, directeur du LaRGE, sur le rôle de garant :

« Pour moi, l’encadrement d’une HDR consiste à aider un collègue à mettre en forme son dossier de publications pour en dégager une note de synthèse, puis à former le jury d'HDR. Pour le garant, l’apport principal est ainsi d’aider un collègue qui l’a mérité à obtenir son HDR pour aspirer ensuite à une promotion. »

 

Nous avons également récolté le témoignage de la part de Laurence Viale, enseignant-chercheur au laboratoire HuManiS, qui a soutenu son HDR récemment :

« Les a priori : Il y en a beaucoup sur l’HDR. Quels sont les attendus, les codes ? Quelles sont les universités ? Quand et pourquoi le faire ? A force de trop lire, j’ai préféré faire confiance à mon instinct tout en suivant certains codes et normes nationales attendues et nécessaires selon moi.

Ainsi, la volonté de me lancer est venue avec l’envie d’accompagner des doctorants, de m’impliquer davantage dans la direction de projets de plus grandes envergures et aussi avec le fait que je me sentais autonome dans ma stratégie de recherche. De plus, je me sentais légitime sur trois aspects :

  • les publications d’un niveau requis selon la SFM et les principales grandes universités (min. 7 publications dont 2 rangs A, dont pour la plupart dans des revues anglo-saxonnes) et ainsi qu'un nombre minimal d’articles écrits de manière autonome ou en tant que premier auteur sur un sujet cohérent avec mon parcours ;
  • les indicateurs de rayonnement scientifique (intégration récente au CA de l’AIRL-SCM par exemple, co-édition de numéros spéciaux et implication dans un projet européen Horizon…) ;
  • et enfin, mon engagement dans les charges institutionnelles, les pilotages administratifs et académiques des deux Masters à ma charge avaient été largement prioritaires pendant de longues années.

Ainsi, ces différents signaux m’ont indiqué que je voulais travailler sur ce projet et développer un document réflexif.

La construction du mémoire : Mon garant m’avait prévenu de justifier mes orientations de recherche, de bien montrer les enjeux praxéologiques majeurs et les efforts de théorisation ambitieux. Je me suis laissée guider par ses suggestions et parfois nous avons débattus en cas de désaccord. Le principal message portait autour du fait que je devais montrer qui j’étais, quelle était l’essence de ma recherche, de ma trajectoire et quelle était ma marque !

Au fur et à mesure que j'avançais dans la rédaction, je voyais de plus en plus le fil rouge, ainsi que dans les domaines que je n'avais pas encore eu le temps d'explorer. Cette clarté devenait pour moi une grande source de motivation, qui me poussait à aller plus loin. Pendant plus d'un an, la rédaction de mon HDR a été une part presque quotidienne de ma vie.

La partie administrative : J’ai été surprise par sa lourdeur, l’enchaînement des étapes, par l’obligation de suivre et valider des formations (quelques allers-retours loin de Strasbourg), une partie qui n’est pas le cas dans toutes les universités, mais qui l’était dans celle que j’avais choisie liée à mon garant. J’ai apprécié les échanges avec des collègues issus d'autres sciences (sciences de la vie, agronomie …) et où les questions durant les formations se rejoignaient, ce qui a été fédérateur.

La soutenance : Après avoir sélectionné un jury (indépendant de mes travaux), j’ai été "surprise" par la complétude, la longueur des rapports et des questions, par l’exigence de la préparation bien plus lourde, selon moi, que pour la thèse, la montée en théorie, et au final, la capacité à montrer que je pouvais diriger les chercheurs en devenir.

Cela a été un gros mois de préparation intense pour pouvoir répondre au mieux et faire une présentation la plus attractive possible et se préparer à ouvrir le champ des possibles. Tout cela en 20 minutes et aussi en se préparant à un échange de plus de 2h30 avec le jury, une course de fond en somme. Tous les membres posent des questions (pas toutes connues à l’avance) qui amènent le débat. Grâce aux échanges avec les membres du jury, puis au retour de mon garant le professeur Damien Talbot et du président, j'ai eu le sentiment d’être à la bonne place au bon moment.

Conclusion : Dans l'ensemble, l'Habilitation à Diriger des Recherches est une expérience très enrichissante, même si cela demande beaucoup de sacrifices. C’est un travail unique et réflexif sur son parcours, sur ses projets actuels, et surtout ceux à venir en cohérence avec son identité académique (qui doit être reconnue dans un champ et par ses pairs). Un booster de motivation et une véritable valeur ajoutée pour la suite !

Comme la recherche fonctionne principalement grâce à l'altruisme de ses membres, je me tiens à la disposition de l’ensemble des collègues de l’EM Strasbourg pour partager et apporter mon aide sur ce sujet, avec plaisir !

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