C. Lemaire, focus recherche projet INNOVEHPAD

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Le projet de recherche interdisciplinaire INNOVEHPAD, lauréat du projet Résilience Grand Est – ANR est coordonné par Célia Lemaire, enseignant-chercheur à l'EM Strasbourg. Elle nous explique plus en détails la démarche de ce projet.

Les plus âgés de nos concitoyens accueillis en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont particulièrement touchés par l’épidémie liée au Covid-19. Afin de pallier les effets délétères du confinement et de favoriser une socialisation à distance, des dispositifs numériques ont été déployés (ex : tablettes pour faire des visioconférences avec les familles). Il convient aujourd’hui d’analyser les effets de l’usage de ces dispositifs sur le lien social des résidents.

Le projet INNOVEHPAD est une recherche pluridisciplinaire qui vise à mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre et identifier les configurations favorables au soutien et au développement du lien social de nos aînés en perte d'autonomie.

Objectif du projet :
Nous analyserons les conditions psychiques, sociales, managériales, de santé, de compétences, etc. qui influencent l’usage des dispositifs numériques en faveur du lien social des résidents d’EHPAD, mis en place suite à la crise et les innovations organisationnelles qui en résultent.

Présentation succincte de la problématique :
La problématique collective que nous soulevons et qui guidera nos investigations est la suivante : Qu’est-ce que le rapport des individus (personnes âgées, proches, professionnels), des groupes, des organisations et des institutions, à l’usage des outils numériques déployés dans le cadre des mesures de distanciation sociale liées à l’épidémie de Covid-19, nous permet de comprendre des effets désorganisateurs et réorganisateurs sur les pratiques d’accompagnement et de soins en EHPAD ? Quels ont été les impacts du recours aux outils numériques sur le lien social (entre résidents, entre les résidents et leurs familles, entre les résidents et les soignants, entre soignants) ?

Enjeux de la recherche :
L’enjeu de notre travail de recherche consiste à objectiver les conditions psychiques, sociales, managériales, de santé, de compétences, etc. qui influencent l’usage des dispositifs numériques par les résidents, avec le soutien des personnels soignants, à des fins de socialisation « à distance ». Nous formaliserons également les apprentissages, tant organisationnels qu’individuels, induits par la gestion de la crise et de l’après-crise, susceptibles d’améliorer la résilience du système de gestion de la « dépendance », à l’échelle du département. La mise en dialogue de nos différentes approches nous permettra de conduire une analyse du dispositif que constitue l’usage des outils numérique dans une organisation humaine en confrontant le dispositif vécu par les personnes, le dispositif imaginé par l’organisation et celui conduit dans les faits à partir des contingences. C’est dans cette confrontation des niveaux et qualités de résultats, articulant l’individu, les groupes, les organisations et leur environnement socio-économique que nous serons en mesure de cibler les configurations (sociales, matérielles, organisationnelles, institutionnelles) propices au maintien du lien social des résidents, sans mise à mal de leur santé et leur bien-être.

Avancées attendues :

  • Notre problématique commune nous permettra de proposer des analyses croisées inédites sur les enjeux psychologiques, sociaux, de santé, d’évolution des pratiques professionnelles et managériales induits par les usages des outils numériques en EHPAD, en période de crise et de post-crise du Covid-19. Cette crise est envisagée comme analyseur de l’existant et catalyseur d’innovations sociales, organisationnelles, institutionnelles et managériales.
  • Dans la perspective d’un nouveau contexte épidémique, déterminer les critères d’un juste équilibre entre rencontres en face-à-face et socialisation numérique, respectant au mieux le bien-être physique et mental des résidents, tout en gérant les contraintes d’une urgence sanitaire et plus largement des évolutions sociétales en cours (vieillissement démographique, mobilité géographique des enfants, etc.)
  • Dans une perspective de capitalisation, distinguer les usages du numérique utiles durant le pic de l’épidémie mais jugés insatisfaisants par les différents acteurs (résidents, familles, personnels des EHPAD, pouvoirs publics) à plus long terme, de ceux bénéfiques pour les organisations en dehors du contexte épidémique. Cette distinction nous permettra d’identifier les critères du passage de l’inventivité en situation à l’innovation organisationnelle et sociale.

Budget: 260 000 euros.

Chercheurs impliqués dans le projet :

Coordinatrice du projet :

  • Célia Lemaire – Maître de conférences – Laboratoire HuManiS (Humans and Management in Society, UR 7308)

Partenaires :

  • Pascal Hintermeyer – Professeur des Universités en sociologie – Laboratoire DynamE (UMR 7367)
  • Céline Racin – psychologue clinicienne et Maître de Conférences en psychologie clinique et psychopathologie au Laboratoire SuLiSoM (EA 3071)
  • Cédric Sueur – Maître de conférences en éthologie à l’IPHC (UMR 7178)
  • Vivien Braccini – Docteur en Sciences de l’éducation et de la formation – chargé de recherche permanent à P.S.International et chercheur associé au LISEC (EA 2310)
  • Christophe Humbert – doctorant en sociologie (soutenance à la rentrée 2020/2021) – chercheur postdoc à P.S.International (recruté pour le projet) et futur chercheur associé au laboratoire DynamE (UMR 7367) 

Lors de sa venue à Strasbourg le 1er octobre dernier, la ministre de l'Enseignement supérieur a écouté les lauréats des projets "Résilience Grand Est", en présence notamment du préfet, du rectorat et de la présidence de l'Université de Strasbourg. Vous pouvez écouter le pitch de Célia Lemaire ici

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