Conférence : Organisation territoriale et tourisme : de nouvelles opportunités… à financer

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La réforme territoriale et les futures grandes régions posent inévitablement la question des identités touristiques locales. Réunis à l’EM Strasbourg pour la deuxième conférence de l’Association francophone du management du tourisme - Afmat (voir encadré), professionnels et chercheurs se sont penchés sur la question à l’occasion de la conférence plénière inaugurale, « Organisation territoriale et tourisme ».

 

Développer le tourisme écologique et viticole

« Je vois beaucoup d’opportunités dans cette réforme territoriale », s’enthousiasme Ulrike Leibrecht, associée-gérante du Château de Pourtalès, « ce serait l’occasion de renforcer le tourisme écologique et de faire de Strasbourg une ville verte, comme Fribourg en Allemagne par exemple ». Jouer sur l’identité locale est également le crédo d’Hervé Louis-Rhodes, hôtelier à Strasbourg et Sausheim. Sur le site de son établissement haut-rhinois, il a fait planter 70 pieds de vigne et a créé un chemin dédié à la découverte des 7 cépages alsaciens afin d’éveiller les touristes et hommes d’affaires de passage, à la tradition viticole régionale. Pour sa part, Tony Valentini, directeur du Musée du Chocolat, plaide pour la recherche de nouvelles opportunités touristiques à valoriser dans la future grande région : « La région Champagne-Ardennes, Lorraine, Alsace abritera six des plus grands brasseurs de France », donne-t-il comme piste de réflexion… Une logique d’alliance intéressante dans une région prompte à nouer des partenariats avec la Franche-Comté, la Lorraine, l’Allemagne et la Suisse, rappelle Philippe Choukroun, pour l’Agence d’attractivité de l’Alsace. C’est même un passage obligé pour exister dans une compétition qui se joue à l’échelle mondiale.
 

Remettre les clients et entreprises au centre

« L’identité des territoires et de leurs produits ne changeront pas, mais les structures de financement de ces identités, oui. » nuance toutefois Jean-Louis Vézien, directeur du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa). Et ce sera le nerf de la guerre. L’Alsace continuera à exister avec son identité touristique propre, mais les moyens alloués à sa promotion risquent d’être dilués dans le nouvel ensemble auquel elle sera rattachée. L’enjeu est pourtant de taille : le tourisme pèse pour 7% du PIB alsacien soit 2 milliards d’euros, sans oublier les 37.000 emplois directs et indirects générés par cette industrie.
Sur le plan structurel, la simplification du mille-feuille administratif, des agences et comités du tourisme et la redéfinition de leurs missions est un des enjeux de la réforme. Ceci ne doit cependant pas avoir d’autre finalité que de mettre en place des stratégies visant à inciter les touristes à effectuer plus d’achats. « Et surtout à être heureux de le faire. Le débat public autour de la réforme territoriale ne tient pas compte des clients et des entreprises », regrette Marc Lévy, directeur de l’ADT 67. « Il ne faut pas les oublier ! » renchérit-il. Car si la France est concurrentielle pour l’accueil des touristes  « la dépense moyenne par touriste est de moins en moins élevée » nous rappelle-t-il.
La réforme territoriale pourrait bien faire naître d’ambitieux projets sans bouleverser les périmètres actuels dans le secteur du tourisme… à condition que les financements soient à la hauteur des ambitions.

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